Cette technologie fait ressentir le froid… sans changer la température de la peau

Si la réalité virtuelle permet déjà de visiter la Lune sans même mettre un manteau, que diriez-vous de ressentir la morsure du vent polaire… sans que votre peau ne frissonne vraiment ? Une prouesse qui flirte joyeusement avec la science-fiction, et qui devient réalité dans le monde des chercheurs passionnés d’immersion.

Le froid sans froid ? Oui, c’est possible !

La quête d’immersion toujours plus profonde en réalité virtuelle (RV) occupe autant les ingénieurs que les héros de blockbusters futuristes : on veut voir, entendre, presque toucher… et pourquoi pas sentir le froid, le vrai, celui qui vous rappelle que vous êtes vivant ? Bonne nouvelle, la technologie avance. Des chercheurs de l’Université de Tsukuba, aidés de collègues d’autres institutions, ont développé une méthode étonnante, capable de simuler la sensation de froid sans changer la température réelle de votre peau. C’est même présenté dans l’austère – mais respectée – revue IEEE Transactions on Haptics.

La magie sensorielle : notre peau, médiateur du faux froid

Avant d’enfiler votre écharpe virtuellement, rappelons que la perception thermique fait totalement partie de notre quotidien. Notre peau, fidèle sentinelle, capte les variations de température : un vent d’hiver, un rayon de soleil printanier… Si ces sensations s’émoussent quand on reste longtemps exposé à la même ambiance (vous connaissez l’effet « je m’habitue » devant un radiateur ?), c’est ce qu’on nomme l’acclimatation thermique. Et là, le casse-tête pour les créateurs d’univers virtuels commence : comment faire ressentir des transitions thermiques sans que l’utilisateur continue à sentir le froid alors qu’il vient d’entrer dans une jungle tropicale ?

  • La peau, médiateur incontournable pour l’immersion
  • L’acclimatation thermique, défi pour la VR : ne plus sentir la transition

L’ingéniosité japonaise au service de l’illusion

Face à ce défi, point de boîte à glaçons ni de radiateur miniature ! Les chercheurs ont choisi la voie de la subtilité. Leur technologie ne touche pas la peau, mais exploite son hypersensibilité aux variations rapides de température. Comment ? En alternant intelligemment un jet d’air froid et une source lumineuse, ils arrivent à duper le cerveau, qui perçoit cette alternance comme une sensation de froid… sans que la température cutanée ne change d’un iota. Résultat : une sensation de froid « permanente », mais pas de peau glacée !

Ce principe – simple mais redoutablement efficace – ouvre enfin la porte à une expérience thermique continue pour la réalité virtuelle : fini les sensations fantômes qui s’attardent quand la simulation est terminée. Dans les systèmes plus classiques, une fois la chaleur (ou le froid) imprimée à la peau, la sensation persiste et casse l’illusion. Ici, non : on passe d’un monde à l’autre sans bagages sensoriels non désirés.

  • Pas de contact avec la peau : la magie, c’est d’illusionner plutôt que de transformer
  • Alternance air froid/lumière pour tromper l’organisme
  • Adieu l’effet résiduel qui gâchait l’immersion

Vers une immersion toujours plus vraie… même dans son canapé

Cette innovation ouvre des perspectives qui dépassent la simple évasion virtuelle. Imaginez : ressentir la fraîcheur d’une brise matinale ou la douce chaleur d’un après-midi sans jamais bouger de chez vous. Les applications pourraient s’étendre jusqu’aux métavers (oui, Meta guette sûrement du coin de l’œil…), où les variations thermiques deviendraient aussi naturelles que les changements de décor. Plus fort encore, les chercheurs estiment que leur système permettrait de simuler des évolutions thermiques sur de longues périodes : ressentir ce que serait de traverser plusieurs continents sans passeport, juste un casque… et cette étonnante technologie !

En somme, l’aventure sensorielle ne fait que commencer. Si la science-fiction a longtemps rêvé de plongées multisensorielles, la science, elle, finit par la rattraper, un frisson à la fois. Qui a dit que le futur manquerait de sensations fortes ?